Alors voilà, j’ai finalement décidé de l’écrire cet article… Autant vous dire que j’ai beaucoup hésité parce que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Mais bon, que voulez vous, on ne se change pas…
C’était donc il y a quelques semaines lors de ma veille quotidienne. Je vois passer un tweet qui me recommande la lecture du dernier article du blog d’une agence de RP bien connue. Un clic plus loin, je me retrouve à lire le billet en question sur les usages de Twitter. Sur un ton (très) léger, les auteures finissent par conclure que, sur Twitter, chacun fait ce qu’il lui plaît, qu’il n’y a pas d’usage unique, pas de règle et que c’est ça la beauté de la chose…
Je n’aurai porté aucune attention critique à cet article s’il avait été rédigé par un étudiant ou un newbie du web social. Problème, il est rédigé par un important cabinet de RP. Impossible de ne pas avoir de jugement professionnel sur la chose… Oui, je sais, j’utilise des gros mots…
Premier constat, il n’y a pas de plus-value à cet article que l’on soit un professionnel ou non. Et décréter que « chacun fait ce qu’il lui plaît » via son compte Twitter, est une recommandation pour le moins étrange pour une agence de RP qui est censée fournir un accompagnement ou une expertise en média sociaux. Même si on trouve de tout sur le web, et donc sur Twitter, il aurait été bon de rappeler, pour ceux qui n’y connaissent rien, qu’il y a un minimum de règles sur cet espace social. Au choix : la politesse, écrire des choses intelligentes et intelligibles en 140 caractères (ce qui est un excellent travail de concision de sa pensée), savoir utiliser les hastags, nommer ses sources, décrire la spécificité de Twitter (un réseau social d’information et d’expertise) VS d’autre réseaux comme Facebook. Enfin, bref, il y avait de quoi dire de simple et de pertinent, sans pour autant s’interdire de dire que, oui, sur Twitter, on peut (aussi…) parler de tout et avec n’importe qui.
Sitôt après avoir fini de lire cette oeuvre majeure de la littérature 2.0, je m’en retourne sur Twitter et fais des exercices de respiration prénatale et récite quelques mantras afin de ne pas répondre sous le coup de l’émotion. Je finis par tendre, plus tard dans la journée, une perche du genre « c’est un peu court jeune homme ». Juste suffisant, je pense, pour que cela apparaisse comme une ouverture à la discussion. Après tout, nous partageons le même espace social, nous sommes là pour échanger entre gens civilisés de même profession et tu viens faire la promo de ton blog et de ton agence… Eh bien, vous savez quoi ? Pas une seule réponse. Nada. Nothing. Wallouh. Rien.
Là, tous les mantras de la terre ne pouvaient plus rien pour moi…
Une amie, qui travaille également dans les RP m’a posé les questions suivantes :
« Pourquoi cela te fâche-t-il autant ? Est-ce si grave?
Finalement, ce blog n’est probablement lu que par les membres de la profession, ce n’est pas un big deal, no ? »
Alors voilà mes éléments de réponses :
- Comme dit rapidement plus haut, je pense que lorsqu’on appartient au métiers des com’ ou des RP, on se doit d’être le plus exigeant et pertinent possible afin de rester crédible. Beaucoup nous accusent de vendre du vent, ca serait dommage de leur donner des munitions. J’aime mon métier, il me tient à coeur.
- Corollaire, il y a deux règles majeures dans le social média : « content is king » et « engage your audience ». Dans notre cas le contenu n’y est pas et, en ce qui concerne l’échange, c’est le mur du silence… Beau paradoxe pour vendre du média social.
- Quant à l’argument « le blog n’est probablement lu que par les membres de la profession », je dis « halte là ». Pour avoir été responsable des com’ en entreprise, je peux vous dire que lorsque vous cherchez un prestataire, vous sollicitez votre réseau, mais vous faites aussi vos propres recherches. Je ne suis peut être pas le plus grand spécialiste en média sociaux. Mais je les pratique quotidiennement et je me tiens au courant, comme beaucoup de responsables de la com soucieux de bien faire leur métier. Je ne suis pas sûr qu’un tel article soit fait pour les rassurer sur la capacité du prestataire à penser une stratégie de déploiement sur les média sociaux…
- Enfin, vous remarquerez que je ne nomme pas l’agence en question, parce qu’il n’y a rien de personnel. C’est une question de principe, c’est tout. Bien sûr, plusieurs d’entre vous sont des petits malins et trouveront donc facilement l’article et l’agence en question. Mais je ne souhaitais pas faire du bad buzz facile pour assoir une petite notoriété et, par ailleurs, il aurait été plus facile d’écrire sous couvert d’anonymat (petit clin d’oeil @Aboudjaffar sur ce sujet). Ce n’est pas mon style, même si certains diront que j’ai la langue bien pendue. Je trouve par contre qu’il est de notre responsabilité (les professionnels de la com’) de ne pas faire semblant sur certains sujets. On en ressortira grandis.
Pour clore cet article, parce qu’il est toujours plus facile de critiquer, je suis aussi conscient qu’il peut arriver, entre 5 dossiers et 3 urgences quand on travaille en agence, de devoir écrire un billet qui tarde à venir sur le blog et qu’on a pas d’inspiration… Cela peut être le même manque de temps qui ne vous fait pas réagir lorsque votre communauté vous tend une perche (rappel : Twitter n’est PAS un fli de presse…). C’est une réalité. Je sais tout ça. Mais on vaut mieux que ça…
David
PS: bien sûr, comme d’habitude je suis ouvert à toute discussion et commentaire constructif…