C’est un outil complet, original et innovant que nous offre l’Agence France Presse. Visualiser, cartographier et mesurer l’influence sur les médias sociaux n’est pas une problématique purement commerciale. C’est aussi aujourd’hui un fait des relations internationales. Et il y a un nouvel outil pour cela : le e-diplomacy Hub.
Le e-diplomacy Hub, c’est quoi ?
Ne soyons pas plus royaliste que le roi, le site en donne une très bonne définition (la mise en gras est de mon fait) :
The e-diplomacy Hub est une application développée par l’Agence France Presse (AFP) qui mesure et visualise en temps réel l’influence induite dans les rapports internationaux par les acteurs publics de la diplomatie sur Twitter. Nos algorithmes élaborent des classements des Etats et des personnalités clés constamment remis à jour et visualisés dans une interface innovante pour observer la e-diplomatie en action. Les utilisateurs ont la possibilité de personnaliser l’application en fonction de leur pays d’origine. The e-Diplomacy Hub intègre des milliers de comptes, des chefs d’Etats, ministres, diplomates, experts, activistes et hackers. Leurs messages et liens postés sur Twitter sont analysés en temps réel pour en dégager les sujets abordés et les prises de positions sur l’actualité internationale.
Cette très belle initiative est l’idée de Joan Tilouine, l’un de mes followers. Cette app s’inscrit dans la continuité des travaux qu’il a entamés l’an passé depuis Berkeley où il a été Visiting Scholar à la Graduate School of Journalism. Il travaillait beaucoup sur le datajournalisme et autres formes de narration sur le web.
En parrallèle, il avait mené une série d’investigations sur la diplomatie digitale au plus près des acteurs du département d’Etat mais aussi à Paris où était basé son co-auteur Olivier de Gandt. Leurs enquêtes sont parues dans Les Inrockuptibles, GQ, l’Institut de Recherche et Débats sur la Gouvernance, etc.
« Je trouvais important de raconter cette e-diplomatie d’une autre manière avec les outils technologiques qui permetternt à la fois de faire une curation affinée, du data mining et de l’éditorialisation » m’a dit Joan.
« Tout est construit sur la base de données. Parmi les activistes de notre base, il y a les leaders de demain. Ceux qui ont fait et feront encore des révolutions pro-démocratiques, qui montrent au monde ce qui se passe chez eux, sur le terrain. Ils sont désormais des acteurs de premier plan de la diplomatie du 21ème sicèle. Alec Ross du département d’Etat me disait: « j’ai plus appris des cyberactivistes tunisiens que de beaucoup d’experts en diplomatie. La diplomatie ne se fait plus seulement en costume et dans les salons ». Et pour les diplomates, les officiels, l’enjeu est aussi là. Etre capable d’écouter, de comprendre, de sentir le pouls. »
Félicitation à toi Joan, et bravo à l’AFP d’avoir sû donner des ailes à un tel projet. La concurrence dans la fabrique de l’information avec Reuters et Associated Press étant rude, c’est une excellente idée que d’avoir su jouer la carte de l’innovation.
Le site du e-diplomacy Hub : http://ediplomacy.afp.com/#!/
A propos de Joan (@joantilou) :
Journaliste freelance basé à Paris. Il écrit pour GQ France. Auparavant, il a collaboré avec Le Monde.fr, RFI.fr, Les Inrocks, Slate, Slate Afrique. Il a été Visiting Scholar 2010/2011 à l’Université de Californie (Berkeley).
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